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Katelyn Ohashi, gymnaste professionnelle pour le meilleur et pour le pire

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“On m’a dit que je semblais avoir avalé un éléphant, ou un cochon, selon les jours. J’étais comparée à un oiseau trop gros pour pouvoir décoller du sol.”

“Mon coach m’a alors dit que je devais perdre 5 à 7 kilos, et, au lieu de m’apprendre à manger sainement, il a dressé une liste des aliments interdits. La conversation s’est finie avec un : “si tu as faim, bois de l’eau.”.”

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Dans un précédent témoignage, (TCA) nous avons vu que l’humain peut se persuader lui même, et se faire du mal sans s’en rendre compte, en particulier dans le domaine de la nutrition et du sport. Mais ce mal-être peut également être provoqué par autrui, par une pression extérieure sur un esprit encore trop innocent... Les deux citations plus haut proviennent du blog Behind The Madness (Derrière la folie/ la démence) https://behindthemadnesssite.wordpress.com/ tenu par deux célèbres gymnastes américaines, Maria Caire et Katelyn Ohashi, dont nous allons parler plus précisément.

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Katelyn a neuf ans lorsqu’elle déménage dans le Missouri, avec sa mère et un de ses frères, pour intégrer une grande école de gymnastique (GAGE), puis l'académie olympique de gymnastique (WOGA) au Texas à ses douze ans. Elle s’entraine depuis ses trois ans et participe à de grandes compétitions nationales, elle est vue comme un petit prodige. En 2013, c’est l’apogée: elle gagne la coupe d’Amérique, l’une des plus grandes compétitions au monde, à seulement seize ans: vidéo de l’épreuve de poutre. Suite à plusieurs opérations du dos et des épaules, Katelyn met fin à sa carrière dans l'équipe nationale et commencera ses études à l’université de Los Angeles (UCLA) dans un cursus gymnastique (équivalent à sport études).

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Mais, sur son blog, Katelyn ne parle pas de ses impressions quand elle monte sur le podium, de sa joie, de l’épanouissement qu’elle ressent lorsqu’elle s'entraîne…...Non, elle nous raconte l’envers du décor, le désastreux quotidien d’une petite fille entourée d’adultes et d’un public qui la jugent, la font culpabiliser, la détruisent à petit feu alors qu’elle vit de sa passion, un rêve pour beaucoup d’amateurs(trices). Avec la pression de devoir faire toujours mieux; se dépasser dans un sport aussi particulier que la gymnastique laisse des séquelles. En effet, Katelyn explique que cette activité est très subjective: les performances sont notées par des juges avec un système de points (selon les compétitions, sur une échelle de 0 à 10), et des facteurs comme la notoriété du sportif ou son apparence peuvent influencer les points attribués. La jeune gymnaste sera donc, comme tant d’autres, discriminée et poussée à “soigner” son apparence physique pour rentrer dans les “standards”, ce qui est attendu : être fine mais musclée, assez petite, légère. Et cette pression est exercée sur cette jeune préadolescente par tout son entourage: coachs, pairs, famille. Ajoutez à cela le fait qu’elle est devenue une icône pour le public, un modèle pour beaucoup de personnes (du stress en plus). Elle dit n’avoir que l’écriture pour se confier. Voici donc des extraits de son journal personnel de l’époque, âgée alors de 13-14 ans:

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“Mon coach est d’avis que le fait que je tombe ou rate un exercice est causé par mon poids, je suis trop lourde. Alors j’ai pris l’habitude de me mesurer les cuisses avec mes mains tous les jours pour voir si j’ai grossi. (...) Je suis actuellement en train de souffrir de douleurs à cause de la faim, mais si je vais dormir tout de suite, ça passera.(...) J’ai l’habitude de me réveiller avec un goût de sang et de fer dans la bouche. Juin 2010”

“Ce soir, j’ai beaucoup trop mangé. Je me dégoute, c’est comme si je pouvais sentir la graisse grandir dans mes jambes. Janvier 2011”

“C’est le cinquième Lundi d’affilée que je suis rejetée de l'entraînement parce que j'étais trop lourde. Je pleure la plupart du temps avant de dormir, je n’ai personne à qui parler. Décembre 2011”

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Katelyn vit l’enfer jusqu'à son entrée à UCLA. Là-bas, elle reprend du plaisir à s'entraîner, à encourager son équipe, à vivre sa passion comme au premier jour. Elle crée des liens forts, se réconcilie avec son corps, avec la nourriture, n’a plus honte de ce dont quoi elle n’aurait jamais dû se soucier à son âge. Et cela n'enlève rien à son talent: l’équipe universitaire enchaîne les titres. On peut d'ailleurs voir la différence sur son visage entre la première vidéo, où les commentateurs déchiffrent son anxiété, et ce solo au sein de UCLA, où il est frappant qu’elle rayonne (de plus les compétitions universitaires sont plus ouverts à la chorégraphie comme on peut le voir ici).

La blogueuse a également publié des poèmes sur le fait de devenir un modèle sportif (Fame) ou sur le harcèlement sexuel, ce qui rappelle l’affaire Larry Nassar, médecin sportif ayant détruit psychologiquement et dans le plus grand secret plus d’une centaine de gymnastes américaines.

 

Voici la vidéo qui m’a donné envie d’écrire cet article

Vidéo

N’hésitez pas à nous dire si les thèmes “sport” vous plaisent (et vous pouvez nous soumettre votre propre expérience également!)

M.K 

  

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