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Féminisme

Définition

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Qu’est ce que le féminisme ?

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            Le féminisme est une attitude politique, philosophique et sociale, fondée sur l’égalité des sexes. Les objectifs associés à cette idéologie sont, mais ne limitent pas à : la défense des intérêts des femmes dans la société, l’amélioration et l’extension de leurs droits, la fin de l’oppression et des discriminations, leur émancipation tant au niveau légal, que politique et social (donc la perception que la société a d’elles). Féminisme n’est pourtant pas synonyme de misandrie, la haine des hommes, la recherche de supériorité, de vengeance. Il s’agit également d’une lutte pour les droits des hommes, contre le culte de la masculinité, et même souvent en faveur de la reconnaissance d’autres genres. Le féminisme veut combattre des phénomènes sociaux comme le sexisme (discrimination basée sur le sexe) et le patriarcat (forme d’organisation sociale où l’homme tient un rôle dominant) tout en améliorant les droits des femmes et faisant ainsi progresser ceux des hommes, finalement
de l’espèce humaine.

 

            On distingue plusieurs courants de pensée féministe, et ce, en fonction de l’époque, du contexte politique, des convictions mais pas seulement. En voici les plus connus :

            -Le féminisme libéral égalitaire (ou réformiste) : Comme son nom l’indique, cette idéologie prône la liberté et l’égalité, dans le cadre du libéralisme économique et du capitalisme. Dans ces systèmes « mal ajustés » la femme est discriminée dans les domaines de l’éducation, du travail, des droits politiques, elle est stigmatisée, stéréotypée… Le but de ce groupe est donc de réformer, d’accommoder le capitalisme perfectible pour qu’il soit plus juste et respectueux des femmes.
            -Le féminisme marxiste : Contrairement à l’idéologie précédente, le féminisme marxiste condamne le capitaliste qu’il juge responsable des inégalités et de l’oppression de la femme (des postes de travail genrés, la notion de propriété privée qui a encouragé le besoin de descendance et donc du patriarcat). Ici, la cause du sexisme n’est pas les lois mais le système économique.
            -Le féminisme environnementaliste (ou écoféminisme) : Mouvement qui est devenu populaire avec les désastres écologiques et environnementaux. Il établit des liens entre la position discriminante des femmes et la destruction de la nature, ces deux phénomènes étant considérés comme causés par la supériorité des hommes (violence patriarcale et violence envers les peuples, la nature). Ainsi, pour certain(e)s, l’émancipation des femmes doit faire partie de la lutte pour la protection de l’environnement. Nous avons donc là trois types de féminismes liés à une conviction politique.
            -Le féminisme universaliste : Ce courant remet la faute sur une éducation et une culture genrée qui renforcerait des différences de comportement entre les sexes qui n’auraient pas lieu d’y avoir. Chacun doit avoir les mêmes droits, la parité dans toutes les fonctions et le changement des mentalités est indispensable.
            -Le féminisme intersectionnel : Ce mouvement vient de penseuses “noires” qui trouvaient qu’elles passaient souvent en second plan, ayant vécu le racisme en plus du sexisme. Ce groupe n’est pas homogène, on y retrouve le féminisme noir, lesbien, et même du féminisme en fonction des religions. Il représente la multiplication des formes d’oppression ajoutée à la discrimination genrée. Leurs visions apportent souvent un point de vue différent sur les priorités du combat féministe.
            -Le féminisme essentialiste : Ce mouvement est considéré par une partie des féministes comme sexiste. En effet, il prend le postulat que les hommes et les femmes sont différents par nature (les femmes sont plus douces, empathiques) mais soutient l’égalité en droits entre les sexes comme la parité car suppose que ces différences psychologiques sont réparties pour être en harmonie et se compléter.

 

            Le terme « féminazie », quant à lui, n’est qu’une appellation dépréciative, péjorative des féministes jugées « extrémistes » et est utilisé à tort et à travers.

 

            Chaque courant de pensée n’est pas unique, chacun(e) défend le féminisme à sa façon en fonction de sa personnalité, son origine, orientation sexuelle, religion… Certaines actions se veulent plus ou moins provocantes et il n’est pas rare que deux groupes féministes différents soient en désaccord (le port du voile par exemple, est sujet au débat au sein des milieux féministes).
            Chez SensiBe, nous considérons qu’un groupe est légitime tant que leurs idées et actions n’entravent pas l’égalité entre les Hommes. Nous ne prenons pas parti dans un groupe particulier mais nous sommes unanimes sur le fait que le féminisme est l’harmonie entre les sexes: d’ailleurs, notre vision du féminisme inclus également la lutte contre les stéréotypes masculins (culte de la virilité) car ils bloquent la liberté comme ceux envers les femmes. Féminisme n’est pas synonyme de misandrie, et pour nous une femme qui pense être. Ainsi nous ne sommes pas là pour demander à toutes les femmes de prendre leur revanche sur les hommes et inverser la supériorité. Nous sommes là pour nous montrer plus intelligents que ces stéréotypes ancrés et établir une véritable égalité. Nous nous battons pour qu’on ne dise plus en parlant d’une femme, qu’elle a du mérite car justement, elle l’est. Une femme qui change les choses doit être aussi méritante qu’un grand homme.

 


Un peu d'Histoire

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            Ensuite, il faut se rendre compte du fait que le mot “Homme” contient les hommes et les femmes Pour la parenthèse étymologique : le mot humain vient du latin « humanus » et homme de « homo ». On suppose que les deux mots avaient la même signification au départ mais que « homo » a supplanté le mot pour désigner l’être humain masculin. Aujourd’hui pourtant, on revient à ce “point de départ” puisque peu à peu, le mot « homme » a pris le sens de « humain » lors de l’ajout d’une majuscule. C’est avec soulagement que l’on se rend compte que les femmes, grâce à la solidarité, osent parler et dénoncer. Le scandale Weinstein et les mouvement MeToo, BalanceTonPorc ou encore WhyIdidntreport montrent à quel point les femmes peuvent souffrir, contraintes au silence et au manque de reconnaissance, de prise en considération. Alors féministe ou humaniste, il faut se rendre compte que la cause de la femme a encore du chemin à faire. Ce n’est donc pas l’homme que l’on doit mettre « au centre de tout » mais l’Homme, l’Humain.

             

            Et pourtant ces idées ne datent pas d’hier ! Voici une liste non exhaustive de dates importantes sur les progrès des droits des femmes dans plusieurs domaines : Il est évident que l’éducation est un moyen d’émancipation fondamental, ainsi priver pendant longtemps cet accès de la connaissance aux femmes a renforcé la supériorité des hommes.

             

            C’est en 1881 que l’instruction des femmes est incluse officiellement dans les textes de loi mais leur éducation est très genrée (couture, tâches domestiques). En 1924, les programmes scolaires deviennent identiques pour les filles et garçons et ce n’est qu’en 1976 que paraît la loi sur la mixité à l’école, signe d’égalité non négligeable.

           

            Après l’éducation, c’est le travail qui permet l’autonomie (financière entre autres) d’un adulte. Malheureusement, c’est dans le cadre de la Première Guerre mondiale (1914- 1918) que l’émancipation des femmes dans le travail est accélérée. Elles remplaçaient les hommes dans les usines, l’agriculture, la construction des armes et faisaient partie intégrante de l’effort de guerre français. Cela leur a permis une légitimité et reconnaissance dans le monde du travail. En ce qui concerne la sphère politique, en 1936, trois femmes sont nommées Secrétaires d’Etat au Front Populaire (alors qu’elles n’ont même pas encore le droit de vote).

           

            Plus tard, quand la présence des femmes au travail est une idée acquise, c’est l’environnement professionnel qu’il faut réformer ; avec la loi imposant la loi imposant l’égalité salariale entre les hommes et femmes (1972), la loi Roudy (en 1983 mais renforcée en 2001) interdisant toute discrimination au travail et plus récemment la loi sur la parité professionnelle et sociale qui permet d’avoir recours à des quotas en 2008 (la première loi sur la parité politique étant proclamée en 2000).

             

            Le pouvoir patriarcal fut très ancré dans les mentalités, privant les femmes de toute décision dans l’environnement familial. C’est en 1895 qu’une femme peut retirer de l’argent sur son livret de caisse d’épargne sans l’autorisation de son mari et en 1965 qu’elles sont libres d’exercer une activité professionnelle sans l’autorisation de leur mari et peuvent avoir un compte en leur nom propre. Le droit de vote et d’éligibilité est acquis en 1944 et les violences conjugales sont punies par la loi seulement à partir de 1990.

             

            Enfin, nous rappellerons trois dates importantes sur le domaine de la santé : la création du Mouvement français pour le planning familial en 1960, la loi Neuwirth en 1967  qui autorise la contraception, et la célèbre loi Veil sur l’IVG en 1975.

 

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L'impact générationnel 

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            Les générations futures sont également une partie très concernée par la cause du féminisme : de nombreuses disparités sont semées dans notre enfance et cela impacte notre personnalité future. Plus nous éliminons les différences d’éducation, plus tôt nous supprimons les rôles stéréotypés, plus leur socialisation, leur rapport au monde sera juste et non dicté par leur genre. Et cela passe aussi par l’école : si on y prête attention les femmes sont peu présentes dans les manuels, dans les leçons et pourtant ce n’est pas le nombre d’exploits remarquables qui manquent. Sur la liste des 105 « Hommes qui ont fondé le monde moderne » d’un livre qui peut être considéré comme sérieux (sans le nommer), seulement 3 sont des femmes : les reines Elisabeth 1ère d’Angleterre et Victoria puis Angela Merkel. Ni de Simone Veil, ni de Bertha Von Suttner, ni toutes ces femmes si admirables quelle que soit l’époque, qui pourraient servir de modèle concret pour toutes les jeunes filles.
            Car effectivement, les enfants recherchent des modèles à suivre pour se forger une opinion personnelle, pour apprendre à agir et réagir au quotidien (les modèles de base étant les parents). Mais si on présente les héros de notre monde comme étant (presque) tous masculins, quel est l’impact sur une jeune fille en pleine construction de sa personnalité ? Plusieurs phénomènes nous viennent à l’esprit : discrétion, timidité, introversion, syndrome de l’imposteur… Un cercle vicieux se met en place au fil des générations. Heureusement que certain(e)s se battent pour faire vivre les femmes remarquables d’antan, soutenir et encourager celles d’aujourd’hui, dans le but de créer celles de demain.

             

            Enfin, nous voudrions apporter une dimension mondiale à ce sujet : les droits et l’image de la femme divergent énormément entre pays et le chemin vers le développement des mentalités, est, pour beaucoup de cultures, encore long. Le gouvernement français protège les femmes victimes de violences/harcèlement sexuel(les), violences au sein du couple, outrage sexiste, mariage forcé, mutilations sexuelles, mais ce n’est pas le cas de tous les pays. Pour mieux s’en rendre compte, voici un graphique interactif intéressant, publié par The Guardian qui permet de voir les avancées des lois concernant l’émancipation des femmes pour chaque partie du monde, pays et domaines (violences domestiques, propriété, avortement, lois constitutionnelles, travail, harcèlement…) 

  https://www.theguardian.com/global-development/ng-interactive/2014/feb/04/womens-rights-country-by-country-interactive

 

            Pour finir nous pouvons également noter la création d’outils comme l’ISDH (indicateur sexospécifique de développement humain) qui compare les données de l’IDH des hommes et des femmes séparément pour mettre en exergue les inégalités de genre.

 


Le viol

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Le viol se définit selon le code pénal (art. 222-2.) :
- Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le viol est puni de 15 ans de réclusion criminelle.
- Les agressions sexuelles autres que le viol sont punies de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende.

Le viol est donc un crime très grave qui marque les victimes souvent pour une vie entière. Un corps n’appartient qu’à la personne qui est née et mourra avec, personne n’a le droit de rompre les barrières que son propriétaire a installé sans son consentement.

 

            En 2017, il y a eu 250 000 personnes ayant subi viol ou de tentative de viol : 93 000 femmes, 15 000 hommes, dont 150 000 mineur(e)s. Seulement 9 % des victimes portent plainte, 3 % des viols ou tentatives finissent en assise, le tribunal qui juge les crimes et seulement 0,9 % aboutissent à une condamnation. Ce faible nombre s’explique par la honte qui entoure le sujet encore tabou qu’est le viol et la difficulté à apporter des preuves « concrètes ». Ce tabou, encore extrêmement présent pour les femmes, est encore plus fort en ce qui concerne les hommes qui en sont victimes.  De plus, la plupart des personnes ayant subies l’agression connaissent leur(s) agresseur(s). Contrairement, à ce qu’on pourrait penser, les viols ne sont que rarement commis par des inconnus, seulement dans 8 % des cas. La moitié des agressions est perpétrée par des conjoints ou ex-conjoints, 53 % dans le domicile de la personne agressée. On peut l’expliquer aussi par la lourde charge qu’est une procédure de plainte, que ce soit mentale, physique ou économique. Tout d’abord, il faut aller porter plainte dans n’importe quel commissariat ou gendarmerie.

 

            Les policiers ou gendarmes mènent ensuite la personne aux urgences pour un examen médico-légal, ainsi qu’un test de grossesse pour les femmes et une recherche d’IST qui peut être considérée comme très intrusif. Il vaut mieux avoir gardé des preuves telles que les vêtements. En théorie, le mieux est de se rendre directement au poste de police le plus proche après le viol… Mais bien sûr, ce n’est jamais aussi simple. L’affaire est ensuite laissée aux soins de la police et de la justice. Il faut savoir que le temps de prescription pour ces crimes est de 10 ans, après cela, aucune procédure ne pourra être mise en place. On comprend donc que porter plainte peut être très éprouvant pour la victime car elle demande de se remémorer les détails de l'agression et de garder des “souvenirs” de l'événement ; et ce pour plusieurs années, jusqu'à la fin du procès qui peut donc être très long, coûteux et difficile.

 

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Conséquences pour la victime

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            Il y a aussi une culpabilisation de la victime et une atténuation de la gravité des faits de l’agresseur par la société. Il est vrai qu’une femme portant une tenue considérée comme “aguicheuse” aura tendance à être vue consentante, en un sens, voire même en partie coupable. L’agresseur, quant à lui, sera déculpabilisé, comme nous l’avons vu dans l’article sur la culture du viol. Nous pouvons à présent nous intéresser aux conséquences dévastatrices pour la victime. Toutes les victimes affirment que le viol a affecté leur santé mentale, et plus de 60 %
leur santé physique. Le traumatisme qu’est le viol cause ainsi des dégâts psychologiques considérables, certain(e)s vont refouler ce souvenir dans leur mémoire et le nier plus tard, créant ainsi des barrières de protection (cependant, on sait que confier un souvenir douloureux à notre inconscient n’est pas une alternative efficace). Pour d’autres, ce sont des lieux, des personnes ou des situations de stress qui deviennent invivables et source de stress. Des symptômes “post-traumatiques” peuvent apparaître comme les insomnies et les cauchemars, la peur, l’isolement et même la dépression (près de la moitié ont commis une tentative de suicide) ou encore des problèmes d’addiction.

            Pour avoir une approche plus scientifique, il faut signaler que ce traumatisme a également un effet démontré sur le système nerveux. Le stress d’une agression modifie le cortex frontal, c’est-à-dire la partie du cerveau qui participe à la prise de décision. Sur le moment même de l’agression, cela explique les réactions de sidération et de tétanie ; sur le long terme, le cortex frontal peut se changer et modifier les réactions émotionnelles des victimes. En outre, l’agression a également un impact sur le lobe temporal duquel dépend la mémoire temporelle et spatiale. Le processus de mémoire est ainsi modifié et le souvenir n’est alors pas mobilisable normalement ; il réapparaît le plus souvent de manière involontaire, en raison d’un stimulus sonore, visuel, olfactif ou autre.

 

            Nous sommes conscients de ces problèmes et, à défaut de ne pas pouvoir éradiquer le viol en un claquement de doigts, nous voulons le prévenir et aider les personnes affectées. Ainsi, si vous êtes victime, témoin de viol ou autre agression sexuelle, comment réagir ? Se tourner vers des psychologues et associations est essentiel si les symptômes cités auparavant sont ressentis. De plus, il est très important de ne pas s’isoler, notre messagerie est disponible si vous avez besoin d’aide, un doute, ou si vous êtes perdu(e).

 

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Le viol masculin

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            Avec le mouvement #metoo , la parole des agressées s’est libérée et beaucoup y ont trouvé un moyen de guérir. Pourtant, peu entendue, celle des hommes victimes de viols est souvent passée sous silence. En effet, rappelons que le viol ne concerne pas que les femmes. S’il est très difficile pour elles de faire reconnaître leur agression, cela l’est encore plus pour un homme. Pourtant, 5 % des hommes disent avoir déjà été victime de rapports sexuels forcés. Le projet de loi mené par Marlène Schiappa et adopté le 1er août 2018 a permis d'inclure dans la définition juridique du viol le cas des hommes et des garçons ayant subi des fellations forcées ou ayant été contraints de pénétrer l'auteur du viol.

            L'article du Code Pénal a ainsi été modifié : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la
personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. » Il est difficile pour un homme de parler ou de porter plainte. La société depuis longtemps les veut forts, capable de se protéger. Lors de l’enfance, on inculque aux petits garçons de ne pas pleurer, d’être courageux. De plus, les hommes violés craignent d’être désignés comme gays, ou pensent qu’ils sont victimes à cause de leur apparence efféminée. On pourrait alors penser qu’ils sont moins traumatisés, mais ces normes attendues, comme le courage, les stigmatisent encore plus et rendent encore plus difficile une reconstruction.

           

            Il faut savoir qu’en aucun cas un rapport sexuel est une obligation, même en cas de mariage. Il est possible de dire à tout moment que l’on souhaite que le rapport sexuel s’arrête et tout rapport sexuel qui en suivra pourra être considéré comme du viol. Ce droit de dire oui ou non est le consentement. Quand il est exprimé verbalement, il n’y a pas de doute mais parfois les victimes sous le choc ne l’exprimeront clairement. Ce n’en est pas pour autant un signe de consentement. C’est pour ces raisons que les cas de viols sont souvent des procédures très longues pour la justice. Tant que la victime n’a pas été déclarée comme non-consentante l’agresseur est non-coupable.

            Heureusement, certains mouvements sur Internet invitent les victimes de harcèlement ou agressions sexuelles à la parole. Il y a eu le #MeToo qui dénonçait les agressions sexuelles au départ à Hollywood et qui fut relayée par de nombreuses stars. En France, le mouvement #MeToo donna naissance au #BalanceTonPorc. Cette libération extrême de la parole peut être vue par certain comme une “chasse aux sorcières” où de fausses informations sont relayées. Mais le changement ne vient plus seulement d’Internet désormais, l’Assemblée Nationale a rendu un rapport extrêmement complet en février 2018, qui visait à dénoncer le viol et la culture du viol. De plus la Secrétaire d'Etat chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa encourage à la dénonciation des viols et agressions sexuelles et a monté un projet de loi qui vise à renforcer la lutte contre les atteintes sexuelles notamment auprès des enfants. Ce projet est très contesté, ainsi nous invitons quiconque à
le lire et se faire son propre avis.

 

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Le harcèlement sexuel 


            Le harcèlement sexuel est le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui, soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. Est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d'user de toute forme de pression grave dans le but [...] d'obtenir un acte de nature sexuelle, [...] au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers. Le harcèlement sexuel est un délit passible de deux ans de prison et de 30 000 € d'amende. Il peut prendre différentes formes : sifflements, attouchements, regards appuyés, remarques déplacées... et se produire dans différents endroits.

 

1- Le harcèlement sexuel au travail :

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            Le harcèlement sexuel dans le cadre professionnel (surtout pour les femmes) est encore très fréquent aujourd’hui et n’a malheureusement pas significativement baissé en 30 ans. En 1991, 19% des femmes avaient subi du harcèlement au travail. A l’époque, c’est le patron lui-même qui était cité par la majorité des victimes comme étant à l'origine du harcèlement. Aujourd’hui il est le plus souvent commis par un collègue (41 %). Viennent ensuite l'employeur (22 %), le supérieur hiérarchique (18 %) et le client. Dans ce contexte, seuls 3 cas sur 10 sont rapportés à la direction ou à l'employeur et près de 30 % des victimes n'en parlent à personne. La cause ? Parfois, la banalisation de certaines blagues à caractère sexuel sont difficilement admises comme du harcèlement par les victimes. Mais en particulier le fait que la quasi-totalité des plaintes déposées n’aboutissent pas.

            Les chiffres de femmes harcelées au travail n’ont pas beaucoup évolué depuis 1991, puisqu’en 2014 selon l’IFOP, une femme sur 5 avait été victime de harcèlement dans le cadre de son travail. Dans 40 % des cas, la résolution du problème se fait au détriment de la plaignante, avec des conséquences directes sur son emploi (non-renouvellement de contrat, blocage dans la carrière). À l'inverse, un peu moins d’une victime sur deux indique qu'une mesure a été prise à l'encontre de l'auteur présumé (sanction, licenciement, mutation). À noter également que, d'après l'enquête, seules 5 % des victimes ont recours à la justice et que parmi leurs plaintes, 1% seulement aboutissent à une condamnation. De quoi décourager les suivantes ! Heureusement, depuis l’affaire Weinstein (et la prise de conscience générale qui suivit), un vent d’espoir à souffler pour les victimes, qui sont maintenant plus prises aux sérieux.

 

2- Le cyber-harcèlement :


            Internet permet malheureusement de nombreuses possibilités de harcèlement aujourd’hui, notamment avec la plupart sur les réseaux sociaux. On peut citer le fameux revenge porn qui consiste à poster des photos dénudées de son ex sur les réseaux dans le de l’humilier. Les filles sont principalement touchées par ce processus, notamment parce que l’idée qu’elles puissent dévoiler leurs corps est honteuse, et qu’ainsi, si il est dévoilé à tout un établissement scolaire, cela le sera encore plus. Le revenge porn a des conséquences dévastatrices : la victime s’isole (quand elle n’est pas isolée), de plus, le body-shaming (créer chez une personne une honte de son corp) qui en découle détruit la confiance en soi.

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            On peut aussi parler de cet autre usage malsain du net : les commentaires sous les photos de femmes ou de filles, insultées ou harcelées car trop découvertes ou subversives au goût des internautes, par exemple sur Instagram. La youtubeuse Charlie Danger avait ainsi été prise dans une vague de harcèlement quand elle avait posté des photos d’elle seins nus, et l’actrice Marion Séclin avait reçu plus de 40 000 commentaires malveillants une semaine après la diffusion de sa vidéo sur le harcèlement de rue. On peut aussi parler des avances répétées  travers les “chat” des réseaux sociaux ou des demandes/propositions dégoûtantes telles que les envois de “nudes” (photo de soi nu) ou de “dickpick” (photo de pénis).

 

3- Le harcèlement scolaire :


            En 2017, 5 % des collégiens disaient avoir subi des baisers forcés et 6 % des caresses forcées. 12 % des jeunes filles déclarent avoir déjà subi des insultes relatives à leur sexe dans leur établissement, ce qui est deux fois plus que les garçons. On remarque souvent le cas d'événements produits sur les réseaux sociaux qui ont des répercussions à l’école de l’enfant sous forme de rumeurs étouffantes. Les filles vont commencer à être jugées sur leur façon de s’habiller au collège. Les insultes telles que “salope”, “pute”, “t’es bonne” vont fuser si la fille porte une jupe, un short trop court… A l’inverse une fille habillée en “garçon manqué” se verra traiter de “gouine” (façon vulgaire et insultante de dire “lesbienne”). Le collège est souvent le théâtre de ces insultes, notamment à l’encontre des filles formées plus rapidement… Mais ce harcèlement sexiste commence quelquefois dès l’école primaire où il peut être vu comme un jeu par les jeunes garçons comme celui de courir après les filles pour les embrasser. C’est pourquoi il est important de sensibiliser les enfants le plus tôt possible au principe de consentement.

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4-Le harcèlement de rue et dans les transports en communs :


            Le harcèlement dans les transports touche 87 % des voyageuses selon la Fédération nationale des usagers des transports. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce type de harcèlement se produit également à des heures de fréquentation élevées, en plein jour. Ces agressions consistent soit en du frottage, des sifflets, des avances répétées, qui peut même aller jusqu'à l’abus sexuel ou au viol. Autre incivilité qui n’est pas une agression mais tout de même assez sexiste : le manspreading. Cette pratique désigne les hommes qui s'assoient dans les transports en commun, en écartant les jambes et en s'avachissant et en montrant ostensiblement leurs parties génitales. Le problème (en plus du fait que cela prend 2 places au lieu d’une) est qu’il s’agit d’une attitude sous entendant une supériorité du “mâle”. De plus, cela peut être perçu comme un délit semblable à de l’exhibitionnisme. Enfin, on peut remarquer que les femmes quant à elles, sont éduquées à s’assoir les jambes croisées, pour apparaître effacées et cacher leur bassin. 


            Ces agressions persistent pour plusieurs raisons. D’abord, les femmes peuvent ne pas se rendre compte de la gravité de l’acte dont elles sont victimes, tellement ils sont devenus banals. Les frottements dans les transports en communs sont parfois quotidiens. Aussi, même s’il existe des agents pouvant intervenir (conducteur, contrôleur…), ils ignorent souvent le problème, justement pour éviter d’en avoir, eux. La fréquence du harcèlement pèse sur ses victimes ou potentielles victimes. Il peut être une source récurrente d’états de peur, d'appréhension, de stress, de colère ou d’impuissance, qui constituent une réelle pression psychologique voire physique. Cela entretient un sentiment d’insécurité et peut avoir des conséquences en termes de comportements ou de santé.

         

            Le harcèlement de rue, quant à lui, est encore plus fréquent. Il peut prendre plusieurs formes : le slut shaming, l’acte de siffler, insulter, « complimenter », attoucher, suivre une femme. Tout simplement de l’aborder alors qu’elle n’en a pas envie, en ignorant son avis ou son espace personnel (par exemple, en l’arrêtant, en parlant proche d’elle, en la coinçant avec son bras, etc…). On peut également évoquer les délits d’exhibitions. Le harcèlement de rue fait partie des sujets les plus controversés. En effet, beaucoup d’hommes ont eu peur que « l’ère #metoo détruise la galanterie et la drague ». Pourtant, il ne s’agit pas d’empêcher ici la construction de rapports humains construits « à deux » mais de faire de la rue un espace où les gens puissent se sentir en sécurité et où le harcèlement n’est pas.

 

            Le harcèlement sexuel est donc un problème fréquent et subit par de nombreuses personnes. Heureusement, il soulève de plus en plus de luttes et de réactions. Un des exemples est le “numéro anti-relous” (06 44 64 90 21) à donner à une personne qui vous drague qui vous a dragué avec trop d’insistance et qui avait été instauré en octobre 2017. Mais il n’a pas fait long feu à cause d’attaques mêlant piratages et insultes.

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Les mouvements et leurs critiques

           

            L'année dernière, le mouvement “MeToo” de dénonciation du harcèlement sexiste et sexuel créée en 2007 par Tarana Burke, a pris une ampleur mondiale sous forme de #MeToo ou #BalanceTonPorc en France. Il prend source dans “l’affaire Weinstein” qui consiste en la dénonciation des sévices sexuelles du producteur Hollywoodien Harvey Weinstein sur des actrices. Depuis de nombreuses personnes (personnalités ou non) ont dénoncé leur bourreau via #MeToo. Tariq Ramadan, Claude Lanzmann et Jean Lassalle ont eux aussi fait l’objet de dénonciations. Cependant, Asia Argento, grande figure de #MeToo a été récemment accusée par l’acteur Jimmie Bennett de l’avoir agressé = sexuellement. Même si l’affaire est encore en cours, il faut rappeler que les hommes sont aussi victimes de harcèlement. Le #BalanceTonPorc s’est attiré de nombreux détracteurs qui l’accusaient :

            -d’inciter à la haine contre les hommes : Un hashtag est même apparu : « #NotAllMen » (Pas Tous Les Hommes en anglais). Si cela part d’une vérité car, heureusement, tous les hommes ne sont pas des agresseurs, il est quand même dommage que cette initiative ait été un mécanisme de défense. En effet, le mouvement #metoo ne cherchait pas à accuser la gente masculine entière, il s’agissait plus de montrer le nombre de femmes concernées.
            -d’être trop agressif: La masse de témoignages, la violence des actes décrits, la colère, la peur et la peine refoulées ont contribués à un climat d’agressivité sur Twitter. Cependant, cette agressivité fut surtout perçue du côté des personnes qui n’avaient jamais été concernées par des agressions, car depuis celui des victimes, le climat ressenti fut plutôt décrit comme un de libération.
            -d’avoir un nom déshumanisant: L’hashtag BalanceTonPorc est critiqué, même dans la sphère féministe. En effet, une partie considère que même les gens les plus banaux commettent des agressions, ainsi il n’y a pas de « porcs ». Mais ce courant est contesté car il devient un exemple d’accusation de tous les hommes, de plus, les partisans de l’hashtag considèrent qu’à partir du moment où quelqu’un commet des agressions, du harcèlement sexuel ou des viols, il n’est plus un Homme mais un porc.
            -d’être élitiste car relayé uniquement par les célébrités: Ceci fut vite discrédité face à l’ampleur prise par le mouvement, les témoignages se diversifièrent très vite.
            -de faire de Twitter un tribunal où tout crime était mis au même niveau:  Cette critique fut notamment formulée par Catherine Deneuve, en même temps qu’elle défendait la « liberté d’importuner » (c’est-à-dire la liberté des agresseurs à attoucher leurs victimes pour établir un contact). Pourtant, chez SensiBe, nous pensons que tous les dialogues doivent être mis au même niveau, tout le monde peut être entendu ; qu’importe la gravité des actions commises, chacun doit pouvoir libérer sa parole sans minimiser les conséquences que des agressions ont pu avoir sur lui. Concernant le harcèlement dans les transports, une campagne de sensibilisation a été lancée dans les transports en île de France, 11 000 affiches ont été déployées. En cas d’urgence et le harcèlement en fait partie, il est possible d’appeler le 3117 ou 31177.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il en est de même dans l’agglomération toulousaine où Tisséo, la compagnie des transports en commun, a lancé un large dispositif de communication luttant contre le harcèlement sexiste via des affiches et annonces sonores.

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            Il sera aussi rappelé aux harceleurs, que, par exemple, le “frottage” est passible de 5 ans de prison et de 75 000 euros d'amende. Quant au harcèlement sexuel à l’école, en juillet, une circulaire rappelant aux recteurs d’académie la loi de 2001 concernant les cours d’éducation sexuelle obligatoire à l’école a été diffusée. Cependant, Marlène Schiappa (secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes) a annoncé que ce rappel était l’occasion d’aborder l’égalité des sexes et le consentement afin de lutter contre les violences sexistes. Ces deux notions seront particulièrement importantes désormais.

Histoire
Impact générationnel
Viol
Conséquences
Harcèlement sexuel
Mouvements et critiques
Viol masculin
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